La Chine se réveille, et le monde tremble...
Par Johnson Baelongandi wa Binana Ambassadeur de la RDC en Chine, pulbié sur le journal Potentiel du 1 octobre 2005
2005/10/02


L'irruption de la Chine dans la loge de ceux qui tiennent les leviers de commande de ce monde inquiète. Si l'ascension de ce pays du Tiers monde est consécutive à un faisceau de facteurs, la révolution culturelle des années 60, sous la houlette e Mao Zedong, y a joué, cependant, un rôle déterminant. C'est elle qui a transformé l'homme chinois en lui insufflant des valeurs patriotiques positifs propres à relever les défis liés au développement.

Mus par un esprit épris de paix, de liberté et du patriotisme, les dirigeants chinois ont placé les intérêts nationaux au centre de leurs préoccupations. Aussi, en sont-ils arrivés a élaborer objectivement un programme de développement dans tous les secteurs.

Pour ne citer que l'exemple du domaine économique, la Chine a organisé une politique attractive ainsi que des structures d'accueil appropriées qui ,en deux décennies, ont attiré les capitaux étrangers d'une façon efficiente. Cet afflux massif de capitaux(argent frais), Il s'en est suivi une progression exponentielle de l'économie chinoise.

En effet, partie de la 32e place du classement économique mondial en 1978, la Chine a atteint la 9e place en 1999, actuellement, elle navigue dans le peloton de tête : les produits 'made in China' ont acquis le droit de cité dans le circuit commercial mondial grâce à leur compétitivité.

En sus de cela, certains économistes n'hésitent pas à parler de la Chine en termes d'usine du monde, du fait que les occidentaux, à la faveur de la délocalisation, y font fabriquer la plupart de leurs produits pour les écouler ensuite dans leurs marchés nationaux respectifs en totale conformité avec les pratiques de la mondialisation libérale instituée en régulée par les organisations ad hoc(FMI, BM, OMC, etc.)

Bien que cette montée en puissance du géant asiatique dans le commerce mondial se réalise conformément aux principes sacro-saints des institutions financières internationales, on constate de jour en jour que nombreux sont les obstacles qui sont dressés sur les chemin du nouveau venu.

Pour rappel, lors de l'adhésion de la Chine à l'OMC en 2001, les accords avaient prévu une période transitoire de 3 à 5 ans durant laquelle les exportations chinoises seraient bridées, soumises à des quotas, en vue de permettre aux concurrents(occidentaux) de se préparer en termes de temps, et peut-être aussi des moyens, comte tenu de cette nouvelle donne.

En janvier 2005, la levée de cette mesure protectionniste, pourtant prévue de longue date, n'aura tenu qu'un trismestre. En effet, littéralement submergées, les occidentaux ont unanimement dénoncé les exportations massives chinoises, au motif qu'elles constituent un raz-de-marée qui risquent d'emporter, tel un ouragan, leurs industries textiles nationales.

Outre les pressions politiques, les partenaires occidentaux ont suggéré à la Chine de limiter ses exportations en instaurant des taxes aux sociétés exportatrices. Ceci semble contraire à l'idéologie(libérale) de la mondialisation qui prône l'élimination des barrières douanières en faveur de seules forces du marché en vue d'une circulation fluide et sans entrve des biens(occidentaux ?)

La puissance économique des la Chine se manifeste également sur le plan des disponibilités financières. En principe, des sociétés puissantes en bonne santé financière peuvent librement, dans le cadre de ce marché global mondial, disposer de leurs capitaux pour acquérir d'autres sociétés, plus petites ou en difficulté. Là encore, ce principe est contredit par les faits : au mois de juin 2005, la société chinoise de Hong-Kong CNOOC souhaitant acquérir la société pétrolière californienne UNOCAL avait offert 18.5 milliards de dollars américains pour son rachat, alors que la société américaine Chevron ne disposait que de 16.6.

Ayant analysé les propositions faites par les sociétés concurrentes, les actionnaires de la société Unocal avaient opté pour celles de la société chinoise Cnooc. Finalement, en août 2005, cette société chinoise a dû retirer son offre face à un réveil spontané du « patriotisme économique » du Congrès américain.

Selon les informations en notre possession, un membre très influent de cette institution aurait fait une déclaration musclée préconisant « un système beaucoup plus agressif pour contrôler des acquisitions, si la folie d'achats chinois dans l'économie américaine s'accélérait.

Pas de concurrence Déloyale

Concernant les plaintes déposées pour concurrence déloyale, l'Organisation Mondiale du Commerce a enregistré, depuis 1995, 577 plaintes contre les fabricants chinois, sur un total de 1330.

A ce sujet, il y a lieu d'éclairer l'opinion sur le fait qu'en matière d'antidumping, il est de principe qu'un pays partenaire puisse déposer une plainte contre un pays exportateur lorsque ce dernier lui vend ou vend à l'étranger, ses produits à un prix inférieur à celui de son marché intérieur.

Dans le cas de la Chine, il convient de noter que lors de son intégration à l'OMC, il lui a été attribué un statut d'économie de non marché qui exclut, jusqu'en 2016, de considérer les coûts réels de production en Chine comme base de calcul des prix des produits chinois, mais ceux d'un pays tiers-Singapour-où ces coûts sont 20 fois ceux de la Chine. Il découle de cet accord qu'un article chinois dont le coût de production est de 1$US, en Chine devrait être vendu à environ 20 $US à l'étranger.

Ainsi qu'on peux s'en rendre compte, les puissances économiques qui ont mis en place l'ordre mondial actuel tant décrié, du reste, par l'ensemble des pays en développement, ne peuvent, en aucune manière, accepter de perdre leurs avantage. C'est pourquoi elles usent de toutes sortes de pressions et des moyens dilatoires pour le maintien du statu quo.

Ainsi, les interventions « patriotique » des politiques, les réintroductions à volonté des quotas, les répétitions des plaintes antidumping qui ne semblent pas fondées, la demande insistante de la réévaluation de la devise chinoise par les occidentaux en sont des preuves palpables.

Si l'Afrique pouvait s'inspirer de la Chine

Cet exemple de la Chine devrait interpeller les Africains ? A quand le réveil de l'Afrique ? Doit-elle seulement continuer à jouer le rôle de réservoir de matières premières, tout en restant le continent le plus pauvre ? la RDC, notre pays, peut-elle se développer sans que le politique congolais ne puisse se convertir aux valeurs positives et patriotiques, à l'instar de nos héros nationaux Lumumba et Mzee LD Kabila, en privilégiant les intérêts nationaux. L'égocentrisme constitue la négation même de l'existence d'une société.

Quant à la Chine, grâce au déclic produit dans l'esprit des dirigeants, la prophétie de Peyrefitte est devenue aujourd'hui une réalité : Quand la chine se réveillera, le monde tremblera.