Interview à l'Ambassadeur de Chine en RDC
Par le journal Potentiel, publié sur le journal potentiel du 1 octobre 2005
2005/10/02


 

1. Au moment où la Chine célèbre le 56e anniversaire de sa fondation, quelle image aimerez-vous que la communauté internationale ait de votre pays ?

Dans les affaires internationales, la République Populaire de Chine demeure un grand pays responsable.

Dans la crise financière asiatique en 1997, la Chine a insisté sur la non-dévaluation de la monnaie chinoise tout en résistant à la grande pression de brusque chute de notre exportation, afin d'éviter une nouvelle série de dévaluation de monnaies dans nos pays voisins. En même temps, nous avons fourni 6 milliards de USD pour participer à l'assistance internationale. Par-là, la Chine a joué un rôle d'importance majeure pour la réussite des pays asiatiques face à cette Crise, et nous avons aussi gagné le respect des pays de toute l'Asie et du monde entier.

Durant la Guerre de l'Iraq déclenchée par les Etats-Unis, la Chine sauvegarde fermement les buts et principes fondamentaux de la Charte de l'ONU ainsi que les principes essentiels régissant les relations internationales qui sont universellement reconnus. La Chine dit toujours « NON » à la façon d'agir des Etats-Unis consistant à contourner l'ONU pour prendre unilatéralement des actes militaires.

Après le Tsunami de l'Océan indien en 2004, le gouvernement chinois a envoyé, dans un premier temps, plusieurs groupes d'assistance et de sauvetage, et a octroyé des fonds d'assistance en faveur des pays sinistrés, pour inaugurer la plus grandiose campagne d'assistance à l'étranger depuis la fondation de la République Populaire de Chine.

Dans la crise nucléaire de la Péninsule Coréenne, la Chine a successivement contribué à l'organisation des Pourparlers à Trois ( Chine, Etats-Unis et Corée du Nord ) et des Pourparlers à Six ( Chine, Etats-Unis, Corée du Nord, Corée du Sud, Japon et Russie ). Cette année, les deux phases du 4e cycle des Pourparlers à Six se sont déroulées avec un grand succès à Beijing du 26 juillet au 7 août et du 13 septembre au 19 septembre. Les six parties présentes ont publié une déclaration conjointe, dans laquelle toutes les six parties sont unanimes à réitérer que « réaliser la dénucléarisation de la Péninsule coréenne d'une manière pacifique et contrôlable constitue l'objectif des Pourparlers à Six », et que les six parties s'engagent à travailler en étroite coopération pour la paix durable et la stabilité véritable dans la région Nord-Est de l'Asie. Cela constitue les fruits de phase les plus importants depuis le démarrage des Pourparlers à Six il y a plus de deux ans. Les Pourparlers à Trois et les Pourparlers à Six ont réussi à empêcher la détérioration continue de la situation dans la Péninsule coréenne, et ont sauvegardé fermement et effectivement la paix et la stabilité dans la Péninsule coréenne et dans la région Nord-Est de l'Asie. C'est avec l'implication et les efforts de la Chine que l'on a enregistré ces grands succès. Sans les efforts et la contribution de la Chine, la situation dans la Péninsule coréenne serait tout autre.

La Chine participe aussi activement aux affaires onusiennes. Depuis 15 ans, nous avons successivement participé 15 fois aux activités onusiennes du maintien de la paix, tout en envoyant plus de 3000 soldats non-combattants, policiers et officiers civils. En République Démocratique du Congo, dans le Sud-Kivu, nous avons au total 232 personnes participant au maintien de la paix : une mission médicale de 43 personnes, une mission logistique de 175 personnes ; de plus, on constate aussi 12 observateurs et 2 officiers civils chinois. D'ailleurs, sur les grands sujets internationaux, comme le problème de Darfour du Soudan, la Chine s'en tient aux principes fondamentaux et joue un rôle constructif.

En bref, dans les affaires internationales, la République Populaire de Chine est un grand pays hautement responsable qui n'hésite pas à relever les défis. La Chine est aussi un grand pays qui mérite la confiance et sur lequel tout le monde pourrait compter.

2. La Chine et les Etats-Unis n'ont pas la même vision de la démocratie. Il y a là comme un bras de fer entre votre pays et ceux de la vieille démocratie, particulièrement de l'Occident. Qu'en dites-vous?

Réponse :

La démocratie est relative et concrète. Il n'existe pas de mode de démocratie absolu et universel pour le monde entier. La démocratie d'un pays ne peut pas se détacher de son histoire et de sa situation. Seul le système politique d'un pays convenable à ses circonstances peut exister et fonctionner longtemps. Si on veut distinguer les bons systèmes des mauvais, il faut voir les trois points suivants : si le système peut maintenir l'unification et la paix ; s'il peut promouvoir efficacement le développement économique et social; si la population est satisfaite de ce système. Le système politique des États-Unis qui s'adapte à leurs circonstances fonctionne pendant plus de 200 ans avec les modifications sans cesse. Il est passé par les épreuves de la guerre entre le nord et le sud pour former le système d'aujourd'hui.

Dans les années 1990, pas mal de pays africains copiaient mécaniquement le mode politique de l'occident en appliquant le système du multipartisme et parlementaire. La plupart de ces pays ont connu comme les résultats de graves bouleversements sociaux, des changements fréquents de gouvernements, et l'instabilité et la récession économique. Ces faits prouvent que, si les pays en développement imitent aveuglement et simplement le mode politique des pays développés en ignorant les circonstances de leurs propres pays, ils connaîtront de graves conséquences politiques.

Le système politique de la Chine s'adapte à ses propres circonstances et s'améliore sans cesse avec les réformes et l'inovation. La Chine a copié pendant une période le système de l'ex URSS. Elle a progressivement formé ensuite selon ses circonstances un système politique démocratique s'adaptant aux caractéristiques nationales, à la tradition culturelle et aux forces productives du socialisme au premier stade de Chine. En particulier, pendant une dizaine d'années de réformes et d'ouverture, la Chine a ouvert une voie de développement politique unique à la couleur chinoise et a obtenu un progrès remarquable sur la politique démocratique.

Le Parti communiste chinois a le courage de faire face aux problèmes existants, de reconnaître les erreurs connues et de les corrige activement. Tout son travail se base sur le jugement des masses populaires. Tout cela rend le Parti plein de vitalité et de dynamique.

L'édification de la politique démocratique de Chine reste encore au stade primaire et demande l'amélioration. La recherche chinoise dans la pratique sera toujours nécessaire afin de pouvoir surmonter sans cesse les difficultés et corriger les erreurs.

3. Taiwan résiste et n'entend pas réintégrer la grande Chine. Elle est soutenue par Washington au nom du principe de l'auto-détermination des peuples. Face à cette situation, l'on a souvent craint le recours à la force. Beijing sera-t-il condamné à faire la guerre à Taipeh ?

Réponse :

Aux 3ème et 7ème siècles, des populations de la partie continentale chinoise se sont déplacées et installées à Taiwan pour son exploitation. Depuis la dynastie des Yuan (1206 à 1368), les gouvernements chinois ont successivement mis en place les institutions administratives à Taiwan pour y pratiquer une gouvernance efficace. Des colons néerlandais ont occupé Taiwan au milieu du 17ème siècle, mais l'héros national chinois, Zheng Chenggong, les a expulsés en 1662 pour recouvrer Taiwan. Après avoir perdu la guerre de 1895, le gouvernement de la dynastie des Qing a été forcé par le gouvernement japonais à conclure le « Traité de Shimonoseki » inégal, par lequel la souveraineté chinoise sur Taiwan et l'archipel de Penghu a été cédée au Japon. En juillet 1937, le peuple chinois a lancé une guerre de toute la nation contre l'agression japonaise. Le gouvernement chinois a annoncé au monde entier, par sa « Déclaration de guerre de la Chine au Japon », l'abrogation de tous les traités inégaux signés avec le Japon et le recouvrement de Taiwan et de l'archipel de Penghu. En 1945, le Japon a annoncé sa capitulation, en acceptant inconditionnellement le « Communiqué de Potsdam » et la « Déclaration du Caire » pour rendre Taiwan à la Chine. Depuis, Taiwan est réintégré au territoire chinois et se retrouve sous la souveraineté chinoise. Après 1949, pour les causes que tout le monde sait, Taiwan est provisoirement en état de sécession avec la partie continentale chinoise, mais ceci ne peut changer le fait que Taiwan constitue une partie inaliénable de la Chine. Il n'existe qu'une Chine sur notre planète, Taiwan fait partie de la Chine, c'est l'avis partagé par les Chinois tant à l'intérieur qu'à l'extérieur aussi bien que le fait reconnu par les Nations unies et la majorité de pays.

Le problème de Taiwan est une affaire intérieure chinoise pure et simple. Le gouvernement chinois pratique toujours la politique « réunification pacifique » et « un Etat, deux systèmes politiques », proposant le dialogue et les négociations entre les deux rives du détroit de Taiwan sur la base d'une Chine. Cependant, les éléments sécessionnistes de Taiwan intensifient leurs activités ces dernières années, avec le soutien de certaines forces étrangères et au détriment du développement pacifique et stable des relations entre les deux rives, devenant ainsi la plus grande menace contre la paix et la stabilité du détroit de Taiwan. Taiwan est un territoire que les ancêtres ont laissé aux Chinois, quiconque laisse sa sécession commet la haute trahison. Pour bannir et endiguer toutes tentatives sécessionnistes, promouvoir la réunification pacifique, maintenir la paix et la stabilité au détroit de Taiwan, sauvegarder la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Etat, protéger les intérêts fondamentaux de la nation chinoise, l'Assemblée populaire nationale de la Chine a adopté le 14 mars 2005 la « Loi anti-sécession ».

La « Loi anti-sécession » constitue une législation nationale chinoise et une mesure préventive pour défendre la souveraineté, l'intégrité territoriale et la réunification pacifique de l'Etat. La Chine est prête à faire preuve de la plus grande sincérité possible et à déployer les plus grands efforts possibles pour réaliser la réunification pacifique. Toutefois, aucun pays souverain ne tolèrera la sécession de l'Etat. Le recours à la méthode non pacifique pour empêcher les éléments sécessionnistes de Taiwan de diviser l'Etat est bon gré mal gré notre dernier choix, vu que tous les efforts de réunification pacifique sont réduits à néant.

En mars 2005, le président chinois Hu Jintao a avancé quatre propositions sur le développement des relations entre les deux rives dans les nouvelles circonstances :

l Inébranlable dans le principe d'une seule Chine

l Ferme dans les efforts de réunification pacifique

l Aucun changement dans la politique de compter sur les populations de Taiwan

l Aucun compromis dans la lutte contre la sécession de l'Etat

Ces quatre propositions constituent une déclaration des dirigeants chinois de nouvelle génération sur la résolution du problème de Taiwan et la réalisation de la réunification pacifique de la Chine, face aux nouveaux développements de la situation des deux rives, elles revêtent une signification importante et jouent un rôle directeur pour le processus de développement des relations entre les deux rives et de réalisation de la réunification de l'Etat.

A l'invitation du secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois, Hu Jintao, le président du Parti nationaliste chinois, Lian Zhan, le président du Parti « People First », Song Chuyu, ainsi que le président du Parti Nouveau, Yu Muming, ont il y a peu de temps visité la partie continentale en provenance de Taiwan l'un après l'autre. Leurs visites couronnées de succès sont favorables à la promotion des relations entre les deux rives dans la direction de la paix et de la stabilité.

4. Quelle est la politique africaine actuelle de la Chine ?

Réponse :

Depuis longtemps, le peuple chinois et le peuple afrcain se compatissent, se soutiennent et se collaborent, aussi bien pendant la période de l'indépendance nationale et de libération que dans les travaux de développement de l'économie et de construction du pays. En 2000, pour faire face à l'évolution de la situation internationale et au défi de la globalisation économique, pour promuvoir le dévelppement commun, la Chine et l'Afrique ont créé le forum de coopération sino-africain, un mécanisme de dialogue et de coopération communne. Deux conférences ministérielles ont eu lieu en 2000 à Pékin et en 2003 à Addis Abeba dans le cadre dudit forum. Les visites mutuelles de haut niveau sino-africaines sont fréquentes, le dialogue et la coopération entre la Chine et l'Afrique se renforent, sur les questions internationales importantes comme les droits humains, la réforme de l'ONU, et dans les grands événements régionals comme le maintien de la paix, la construction des organisations régionales de l'Afrique. Le troisième conférence ministérielle, qui est promue à un sommet des chefs de l'état sino-africains, aura lieu en automne 2006 à Pékin.

En 2004, le volumne des échanges sino-africains atteint 29,47 millards de dollars, c'est une augmentation de 58,9% comparé à l'année précédente. Dès le 1 janvier 2005, la Chine attribue l'exonération d'impôt d'importation des 190 sortes de marchandises venus des 28 pays africains, la RDC est parmi ces 28 pays. La Chine a également annulé la dette des 31 pays africains les moins développés d'une somme de 10,5 milliards de Yuan dont la dette de 150 millions de Yuan de la RDC. Depuis 2003, la Chine a promis de former pendant 3 ans pour les pays africains 10 mille personnes dans les domaines d'administration, de technologie, et de gestion, jusqu'à maintenant on a formé 7 mille personnes, et on compte d'achever l'ojectif l'année prochaine.

Le plan de service des jeunes volontaires chinois pour l'Afrique a été inauguré. L'Ambassade de Chine a Kinshasa a déjà fait une invitation aux jeunes volontaires chinois de venir tavailler en RDC.

La coopération dans le domaine de la santé et médical constitue une partie très importante de l'échange amical sino-africain. Depuis 1963 où la Chine a envoyé sa première équipe médicale en Algérie, la Chine a compte 15 mille médecins envoyés aux 47 pays africains, 170 millions de personnes en Afrique ont été soignées par les médecins chinois.

5. Quelles sont les perspectives de la coopération entre la Chine et la R.D.C. ?

Réponse :

En 2004, le volumne des échanges commerciaux entre la Chine et la RDC a atteint 136, 57 millions de dollars. le Gouvernement chinois ont signé avec le Gouvernement congolais les lettres échangées sur l'exonération des droits de douane pour 187 espèces de produits de la RDC à exporter vers la Chine. Le palais du peuple, le stade de martyre construits avec l'assistance de la Chine sont des exemples de l'amitié sino-congolaise sans oublier l'hôpital général de Njili dont la mise en service est prévue au novembre de l'année courante. Les travaux du réseau intranet de la Présidence ont commencé au mois de juin, l'accomplissement est prévu au mois d'octobre. Le projet de plante pluviale à N'Sele est en préparation. La réparation de la salle de conférence du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale est en cours. L'équipe de médecins chinois va revenir en RDC. Le nombre des abonnés du CCT a atteint 149 mille. Les travaux de réparations des routes par les entreprises chinoises commencent l'un après l'autre. La compagnie d'Eau et Électricté de Chine est chargée des tronçons du Pont Mpozo-Pont Kuilu-Mbasan Ngungu(Bas-Congo), du port de Matadi-Pont Mpozo, de Beni (Nord Kivu) - Niania(province Orientale) et de Masi-Manimba-Kikwit (province Bandundu), tandis que le tronçon du Bukavu(Sud Kivu)-Kasongo(Maniema) est chargé par la Compagnie de Routes et Ponts de Chine. Chaque année, la Chine octroie une dizaine de boursiers aux congolais, la Chine donne aussi des chances de formation, de visite en Chine pour les fonctionnaires du gouvernement congolais et d'autres personnes.

La coopération militaire entre la Chine et la RDC est en bonne marche. La Chine apporte activement à la RDC des assitances militaires gratuites. En 1998, la Chine a fourni à la RDC des matériels logistiques et des équipements de communication; en 2004, la Chine a donné 20 mille uniformes militaires à la FARDC. De 1998 à 2003, la Chine a formé 89 officiers militaires congolais. Le Président Joseph Kabila lui-même a fait aussi des études à l'Université de la Défense de Chine en 1998. Au Mars 2004, le Président Joseph Kabila a signé pendant sa visite en Chine avec la partie chinoise un accord d'aide militaire selon lequel la partie chinoise va fournir à la partie congolaise des matériels logistiques militaires et former 60 officiers militaires congolais.

Situation de la Chine

Depuis la réforme et l'ouverture, la Chine a connu un grand changement. Malgré cela, la Chine reste un pays en développement.

La Chine a une population de 1,3 milliard d'habitants, avec une base économique faible et un déséquilibre de développement. Le PIB par personne de Chine est seulement de 1,200 dollars, ce chiffre s'arrange au delà de la 100e place dans le monde.

A la campagne, 26 millions habitants souffrent toujours de la pauvreté. Dans les villes, 22 millions habitans vivent au dessous du seuil de la pauvreté.

Face à la demande d'emploi de 24 millions habitants urbains chaque année, les villes ne peuvent offrir que 10 millions emplois.

Il existe encore 60 millions handicapés qui ont besoin de la sollicitude et des soins de la société.

Le développement est crucial pour la Chine. Si la Chine ne se développe pas, on ne peut pas résoudre les problèmes susmentionnés, qui risqueraient de devenir une réelle menace pour la communauté internationale.

La Chine prend la voie du développement de paix.

La Chine s'efforce pour avoir un environnement international de la paix pour concentrer ses forces à la constrction, en même temps, elle peut promouvoir la paix et la stabilité du monde à travers son propre développement.

La Chine dépend essentiellement ses propres moyens pour son développement, tout en pratiquant une politique d'ouverture à l'extérieur. La Chine voudrait bien renforcer les échanges et coopérations économiques avec tous les pays du monde.

Le développement de la Chine ne constitue aucune menace à n'importe quel pays, au contaire, il sera une force importante pour le développement économique et le maintien de la paix et de la stabilité du monde.